JEUDI 23 MAI 2013
VOYAGE en PAYS VERT
Une journée à Amiens
TEXTES et PHOTOS
de Madame Dany AUBRY
http://www.amiens-cathedrale.fr/home.html
Pour notre dernière sortie de l’année 2012.2013 avec les Amis du Musé nous espérons…. Avec beaucoup de présomption… une journée ensoleillée !
Durant le trajet vers Amiens … il pleut. Arrivés, un vent glacial nous cueille sur le parvis de la cathédrale, en attendant l’arrivée de notre guide, une charmante jeune femme au petit accent allemand, devenue amiénoise par amour, nous dit-elle.
LA CATHEDRALE
Nous nous engouffrons dans la cathédrale sans même en admirer la façade ! Nous sommes immédiatement impressionnés par les dimensions de la nef, la pureté de ses lignes et sa luminosité.
Petite fiche technique :
- surface 7 700m2 (2 fois Notre-Dame de Paris)
-145m de long,
- hauteur 42,30m, soit 144 pieds romains.
Beauvais, plus haute mesure 144 pieds … royaux, plus grands !).
Il s’agissait d’approcher la Cité de Dieu, la Jérusalem céleste.
Commencée en 1220, elle sera achevée en 68 ans.
Beaucoup de vitraux ont été perdus. Au XVIIIe siècle, ils ont été mis « au goût du jour », en grisaille, afin d’obtenir le plus de clarté possible : « Dieu est Lumière ».
Il n’y a pas de crypte. Les fondations s’enfoncent jusqu’à 7 à 10m. Il y aurait 160 tombes sous le sol.
L’édifice est en calcaire de la région. Des fissures apparues au XVe ont nécessité un cerclage par une chaîne de fer au niveau du triforium, cerclage toujours en place.
Trois sources de financement en ont permis la construction :
- L’industrie du drap de laine, florissante à Amiens au XIIIe et l’exploitation de la guède (« waider »), une plante dont la tige et les feuilles donnent le pastel, une belle teinture bleue.
- les revenus des évêques et des chanoines, seigneurs des eaux percevant une taxe sur le commerce.
- les offrandes au diocèse lors des pèlerinages et promenades des reliques.
La cathédrale a finalement peu souffert au cours des siècles. A la fin du XVIe, la ville est pillée par les troupes espagnoles qui fracassent le nez des gisants. Henri IV reprend la ville et y construit une citadelle (actuellement transformée en Faculté par l’architecte Renzo Piano).
La Révolution laisse les statues intactes et les deux guerres mondiales du XXe l’épargnent.
Nous entreprenons la visite en commençant par un magnifique gisant de bronze représentant l’évêque fondateur, Evrard de Fouilloy, datant de 1222. Il s’agit de l’un des deux seuls gisants restant, les autres ayant été fondus par Napoléon pour en faire des canons.
Au centre de la nef, la pierre centrale de l’ancien labyrinthe. Sur une pierre noire, se détachent en blanc les silhouettes de l’évêque et des 3 maîtres d’œuvre (Robert de Luzarches, Thomas et Renaud de Cormont) et de 4 anges, disposés autour d’une croix en pierre jaune.
A la croisée du transept, nous admirons les deux superbes roses flamboyantes qui en ornent les bras et celle qui surplombe le buffet d’orgues du XVe.
Adossée à un pilier, une majestueuse chaire baroque.
Le chœur est fermé par une belle grille en fer forgé et doré du XVIIIe. Elle donne accès au merveilleux jubé dont les stalles en bois sculpté du XVIe comptent pas moins de 3740 personnages tirés de la Bible, des Evangiles ou tout simplement de la vie quotidienne.
Autour du chœur, des hauts-reliefs en pierre datant de 1531 évoquent la vie de Saint Jean-Baptiste : quatre scènes où évoluent des personnages polychromes sous des arcades finement dentelées. La tête de Saint Jean-Baptiste, retrouvée lors du pillage de Jérusalem, sera offerte en 1206 à l’évêque d’Amiens. Un médaillon rappelle ce donc qui va conduire à la construction de cette immense église, sorte de « reliquaire » pour ce précieux reste. La relique est visible derrière une grille sur une porte du transept et donne lieu à de fréquents pèlerinages.
A fond du chœur, trois chapelles ont été restaurées par Viollet le Duc. Quelques restes de vitraux anciens (rescapés de l’incendie de l’atelier dans lequel ils avaient été laissés) ont été insérés dans les verrières. Des vitraux des années 1930 remplissent certaines autres.
On peut comparer les vestiges des anciennes presque encore en place sur l’un des murs, avec celles reconstituées par le célèbre architecte.
En face des chapelles, le monument dédié à un chanoine du XVIIe nous montre son adorable petit ange pleureur. La carte postale le représentant et symbolisant leur souffrances, était souvent adressée à leur famille par les soldats de la première guerre mondiale.
De l’autre côté du jubé, 2 séries de hauts-reliefs représentent la vie de Saint Firmin, évangélisateur d’Amiens au IVe , son martyre et la découverte de son corps par Saint Saulve au VIIe.
Le vent un peu calmé, nous pouvons sortir pour détailler les 3 admirables portails. Le portail de gauche, est dédié à Saint Firmin et porte les statues de saints et martyrs picards au milieu desquels un bel ange souriant qui peut rivaliser avec celui de Reims. Au dessous, des médaillons avec les signes du zodiaque et les travaux des mois.
Sur le portail central trône le « beau Dieu d’Amiens ». Au dessus de lui, une vraie Bible sculptée, dont un impressionnant Jugement Dernier, des voussures remplies de divers personnages. Sur les côtes, les Apôtres et les Prophètes, les Vierges Folles et les Vierges Sages, les Vertus et les Vices.
Le 3e portail est celui de la « Mère Dieu », la Vierge, nouvelle Eve portant l’Enfant Jésus, au milieu des scènes de la Genèse, de l’Annonciation, de la Visitation, de la Bible, avec Salomon et la Reine de Saba.
LA VILLE
L’art, c’est beau …. Mais ça creuse et la température peu clémente nous invite à gagner un lieu plus douillet et plus roboratif… En route donc, pour le restaurant !
Une petite marche nous amène près de la fameuse « Tour Perret », œuvre d’Auguste Perret (1876.1954) qui reconstruisit Le Havre. Chantier expérimental en béton armé, elle mesure 104m et comporte 26 étages…. Sans ascenseur à sa construction ! Un cube de verre y a été ajouté, qui protège des couleurs, la nuit.
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Un bon déjeuner picard dans une salle moderne et chaleureuse nous réconforte afin de nous permettre d’entamer la visite de la ville.
En 54 av.JC, un passage des Commentaires de César signale la présence d’un pont sur la Somme à Samaropriva ». Aux Ier et IIe, c’est une ville gallo-romaine, capitale d’une peuplade belge, les Ambiens, et c’est la 2e ville de Gaule, après Reims, avec forum et amphithéâtre. Mais elle est détruite au IIIe par les barbares et se blottit dans des fortifications. Au XIe elle s’étend dans la vallée. Puis l’industrie du drap, le trafic du port, les pèlerinages, la fabrication du pastel, des « sayettes » (serges de laine et soie) lui apportent la prospérité.
Dans la rue que nous suivons, quelques immeubles Art Deco, puis nous arrivons sur une jolie place fleurie, en face de deux belles demeures : le Logis du Roi, en brique et pierre du XVIe, orné d’une Vierge à la Rose, où auraient séjourné Louis XIII et Louis XIV (et où Richelieu aurait laissé les lieux en fort mauvais état), puis la Maison du Sagittaire, en pierre, à la façade Renaissance, due à un neveu de l’architecte du Château d’Ecouen, dotée entre ses 2 arches du signe zodiacal qui lui a valu son nom.
Le Palais de Justice, qui a pris la place du quartier canonial, est décoré, sur l’un de ses murs, d’un bas-relief du XIXe, rappelant l’épisode célèbre du partage de son manteau par Saint Martin. En effet, ce dernier, cavalier de la Légion Romaine, était en garnison à Amiens.
Retour vers la cathédrale qui offre un beau point de vue sur son côté sud, dominé par son élégante flèche. Le portail est consacré à Saint Honoré, évêque de la ville. Entre les deux portes, la statue de la « Vierge Dorée » n’est qu’une copie. Il faut entrer pour voir l’original, la première Vierge déhanchée de l’Histoire. Son beau sourire lui a valu le surnom de « Soubrette Picarde ». Une fois de plus, nous sommes obligés de trouver refuge dans la cathédrale, la pluie ayant redoublé. Une vague éclaircie nous encourage à reprendre note route. Nous passons derrière le chevet de l’église, hérissé de (fausses) gargouilles, chéries de Viollet le Duc. Sur la place, une grande statue : Pierre L’Ermite. Né à Amiens en 1050, lors de la 1ère croisade, il emmène les gens du peuple qui seront malheureusement anéantis par les turcs en 1096. Nous atteignons la Ville Basse, traversée de canaux creusés sous Louis XI et qui lui ont valu le surnom de « Petite Venise du Nord ».
Mais notre visite de ville est soudain interrompue lorsque nous passons le pont sur la Somme : une averse de grêle s’abat sur nous et il nous faut trouver rapidement un refuge. Notre guide finit par dénicher un petit café, le long du quai où nous avons bien du mal à nous entasser. Ouf ! Nous sommes au chaud et au sec, même si tous ne trouvent pas une place assise. Propriétaire et serveur doivent se frotter les mains : avec ce temps, c’est une aubaine d’avoir 25 personnes d’un coup !
LES HORTILLONNAGES
L’averse passée, nous devons renoncer à une plus longue visite et téléphonons aux Hortillonnages pour savoir si le tour en barque prévu est maintenu…. Oui, mais les sièges seront un peu humides….
Embarqués sur plusieurs esquifs noirs à bancs verts, nous nous promenons à travers un lacis de canaux (appelés ici « rieux ») qui alimentent la Somme et l’Avre. Depuis le Moyen-Age, cet ancien marécage de 300ha est cultivé par des maraîchers, nourrissant les amienois en fruits et légumes. Après chaque curage, le limon est replacé sur les sols et en améliore la fertilité. Certains maraîchers ont été remplacés par de petites résidences secondaires où familles et pêcheurs viennent pour le week-end. Beaucoup de verdure, de fleurs, de cultures soignées et une faune sympathique de canards, poules d’eau et hérons cendrés.
Un beau voyage dans une nature préservée avec grand soin et qui s’achève par une belle vue sur Amiens, sa Cathédrale et la Tour Perret, au bout du ruban brillant du canal.
Une belle sortie… malgré des éléments déchaînés !
Grand merci à la Commission Sorties pour tout le travail effectué cette année. Rendez-vous l’année prochaine, pour de nouvelles aventures…..