Une journée au Domaine de GROSBOIS

jeudi 12 novembre 2015

 Les textes et les photos sont de Dany AUBRY.

Le texte sur GROSBOIS est de Madame PIZON-HENRY

descendante du Maréchal Berthier

(Ce texte est proposé en téléchargement)  

Chaque image peut être agrandie en cliquant dessus

Une journée brumeuse …..

 

Nous voici arrivés devant les belles grilles où nous attend notre guide.

Quelques recommandations : ne descendre du car que quand c’est autorisé et conduire très lentement. En effet, le domaine est occupé par le Centre d’Entraînement du Cheval et les pistes longent la route. Très fréquenté de novembre à février par les trotteurs. C’est leur saison. Ils ont en particulier le meeting d’hiver de Vincennes (tout près de Grosbois) et fin janvier le prestigieux Prix d’Amérique.

Les pistes qui filent de chaque côté de la petite route sont effectivement sillonnées par des attelages qui sortent de la brume, comme des fantômes.

Nous nous arrêtons près d’un bâtiment qui abrite une tribune destinée au public et le local réservé aux juges. Devant nous, une longue piste de sable rose. 

Nous nous installons et notre guide nous explique tout sur l’entraînement des chevaux. Le Domaine de Grosbois a été acquis en 1962 par la Société d’Encouragement pour l’élevage du Cheval Français qui y a installé un centre d’entraînement.

Les premiers locataires (dont Jean Gabin et le Comte de Montesson) y ont été accueillis en 1965, après d’importants travaux. Nombreuses pistes d’entraînement. Un panneau indique les jours où l’on peut faire courir les chevaux : à gauche (« corde à gauche ») ou à droite (« corde à droite »), ce qui permet d’entraîner tous les chevaux, qu’ils soient gauchers ou droitiers, un jour sur deux. Le travail se fait à l’intérieur de la piste, la décélération à l’extérieur. Les chevaux travaillent deux fois par semaine mais sont sortis tous les jours.

 

L’hiver,  les 1600 box sont loués. L’été, un tiers seulement. Beaucoup d’entraîneurs logent sur place, dans un pavillon d’où ils partent pour la province ou l’étranger. Parmi les plus connus, Jean-Michel Bazire. « Sulky d’or », il a remporté 5300 courses !

Quelques explications sur le trot, les trotteurs et les professionnels.

Pour devenir professionnel, il faut avoir 50 victoires. Certains entraîneurs continuent à monter comme jockeys, d’autres sont d’anciens jockeys, d’autres passent drivers.

Les lads sont formés à l’école du domaine. Lads-drivers et lads-jockeys peuvent monter à partir de 16 ans. Leur formation dure 4 ans, à compter de 14 ans et font l’objet de tests à l’entrée de l’école. Beaucoup sont « nés dans le cheval ». Les filles sont très présentes, surtout dans les domaines de l’entraînement et des soins.

Galopeurs et trotteurs sont de race différente. Les trotteurs entraînés ici sont des demi-sang de race française. Après 10 ans de course, 75% font du concours complet en centre équestre, 25% sont sélectionnés pour les haras. Pas question de boucherie… Les chevaux bénéficient d’un statut juridique.

 

Durant la semaine, on organise les épreuves de qualification : 2000 m en un certain temps. 20% les chevaux sont qualifiés ici. Un trotteur peut atteindre une vitesse de pointe de 50 km/h  (un galopeur 60). On leur fait faire aussi des courses d’endurance, « l’américaine », soit de 6 à 12 km. On les entraîne aussi en fractionné, les « heats » : vitesse + endurance, pendant 1 heure, 2 fois par semaine.

 

Les courses de trot sont réglementées, sous peine de disqualification :

- pas plus de 15 foulées au galop

- pas de « traquenard » (postérieurs au galop, antérieurs au trot)

- ni d’ « aubin » : l’inverse

 L’amble est l’allure du chameau avec les postérieurs latéraux.

 

Chaque cheval est muni d’une puce.

Pour vérifier, les juges installés dans une voiture, suivent la course. Ils bénéficient aussi de caméras.

 

Bien entendu, on chouchoute ces magnifiques hôtes de race : massage, ostéopathie etc… sur place ou dans les grands centres de Normandie, surtout quand ils ont été blessés.

Leur durée de vie oscille entre 20 et 30 ans. Le célèbre Ourasi a vécu 32 ans (100 ans de notre vie !) 

 

Quelques sites

Visitez le site du Cheval Français

Clinique vétérinaire 

 

Nous quittons la tribune pour un circuit en car dans une partie de ce vaste domaine de 410 hectares (sous Napoléon 1er il en faisait 600).

Notre guide répond à une question sur le dopage : les contrôles sont draconiens : 30 000 chevaux contrôlés par an. Les jockeys aussi sont contrôlés (le taux d’alcoolémie est fixé à 0,2). Les contrôles ont lieu sur les champs de courses et dans les centres d’entraînement. Avant chaque course, des numéros sont tirés au sort. On dose les urines et le sang. Aucun médicament n’est toléré… ce qui n’est pas toujours le cas à l’étranger. On n’a enregistré que 0,01 % de cas de dopage. Les échantillons sont conservés 5 ans.

 

Nous apercevons sur la gauche l’Orangerie, un tennis (les jockeys aussi s’entraînent !).

La renommée de la clinique vétérinaire est internationale. Fondée en 1968, elle reçoit des chevaux de tous horizons. 5 vétérinaires y sont attachés. Ils pratiquent 500 opérations par an. Les animaux convalescents partent ensuite en rééducation en Normandie.

Clinique vétérinaire

 

L’hiver, un millier de personnes vivent et travaillent sur le domaine, plus une centaine de jeunes qui fréquentent l’école.

 

Nous longeons les communs du château qui sont occupés par les bureaux et arrivons devant la piste couverte. Elle sert en cas de mauvais temps ou pour la remise en forme d’un cheval ou l’apprentissage des jeunes jockeys ou drivers. Elle mesure 400 m de circonférence. Le manège, recouvert de sable de Fontainebleau, est hélas ferme pour travaux.

Il n’y a pas de limite d’âge pour les jockeys (Jean-Pierre Dubois, à 75 ans, drive encore et gagne des courses !).

 

 

Nous longeons ensuite le lac.

 

Toute cette partie du domaine est occupée par les établissements professionnels des propriétaires de chevaux.

 

Les bâtiments comprennent :

- Un pavillon destiné au propriétaire

- Une cour fermée où le premier garçon d’écurie dispose d’une chambre

- Au-dessus, les chambres des lads

- Les box des chevaux

- Une maréchalerie

- Au-dessus du porche figure le logo de l’écurie.

 

A notre gauche « l’allée royale » s’enfonce dans les bois.

 

 

Les paddocks sont retirés assez loin mais pas la sellerie et la forge.

Nous terminons notre promenade devant un superbe point de vue du château Renaissance dont la silhouette se détache sur le ciel …. Toujours gris !

Nous rejoignons le self pour un bon repas  réconfortant… sans doute plus copieux que ceux réservés aux chevaux avant les courses. Ils boivent beaucoup : 40 litres par jour, 80 l’été en cas de canicule.

C’est là que notre guide nous quitte, chaleureusement remercié par Patrick Dudouit qui nous a organisé cette journée de main de maître.

Après déjeuner, ce sera la visite du château. Mais je laisse la plume à Madame Françoise PIZON-HENRY, une de nos Amies du Musée, descendante du Maréchal Berthier. Elle sait tout sur son ancêtre et son magnifique château.

J’ajouterai une simple anecdote datant de l’occupation du château par la Luftwaffe durant la guerre. La Princesse de Wagram était allée voir l’Ambassadeur d’Argentine pour demander que le domaine soit occupé par des officiers et non des hommes de troupe. C’est donc là qu’était en garnison l’officier allemand qui fut l’amant d’Arletty…. Ce qui lui valut quelques ennuis à la Libération. C’est à cette occasion qu’elle aurait lancé la phrase devenue célèbre « Mon cœur est français, mon c… international »

 

 

Voilà qui termine avec humour une belle journée où nous avons encore beaucoup appris !

Texte de Madame PIZON-HENRY
Histoire du Château et du domaine de grosbois
Grosbois Françoise Henry.rtf
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VISITE des APPARTEMENTS

Note sur la qualité des photos.

L'usage du flash étant interdit, nous vous présentons ce qu'il a été possible de réaliser.