Un dimanche à la campagne sur les pas de Jacques Louis David

Dimanche 15 mai 2011

 

 

La Société des Amis de Jacques-Louis David d'Ozouër-le-Voulgis, notre partenaire pour cette journée d'exception, nous à fait découvrir trois lieux associés au célèbre peintre.

                     - La Ferme de Saint Ouen à favières

                     - Le village d'Ozouer le Voulgis

                     - Soignolles

 

 

Raconté par Dany AUBRY


Un temps ensoleillé, malgré un vent frais et quelques nuages qui ne nous ont pas empêchés de profiter pleinement des belles surprises de cette journée.

 

La FERME de SAINT OUEN à FAVIERES en BRIE

Accueillis par Monsieur le Maire de Favières et les membres de la "Société des Amis de Jacques-Louis DAVID" autour d'un petit déjeuner (café et viennoiseries) nous avons apprécié la présentation de cette commune rurale très étendue. Deux propriétaires importants : Nadine et Benjamin de Rotschild ainsi qu'un consortium d'émirs qui a racheté des terres à l'ancien roi du Maroc.

 

Un exposé fort intéressant sur les raisons de la présence de David en Seine et Marne et sur les œuvres qui s'y rattachent.

Son engagement dans la Révolution et auprès de Robespierre lui vaut, après le 10 thermidor (28 juillet 1794) d'être emprisonné. Il obtient "pour raison de santé" l'autorisation de se retirer chez son beau-frère, à Favières.

En effet, en 1782, il a épousé la fille d'un riche entrepreneur, Charlotte PECOUL. Sa belle-sœur, Emilie Pécoul, épouse de Pierre SERIZIAT, a hérité du Domaine de Saint-Ouen. Les Seriziat accueillent David et sa famille. En remerciement, il peint les magnifiques portraits de se hôtes qu'il intitule "Portrait d'une femme et de son enfant" et "portrait d'homme".

Joël Malrieu nous analyse avec grand talent tout ce qui fait l'originalité de ces beaux portraits qu'on dirait pris sur le vif.

La visite se poursuit par une promenade dans le parc, aimablement et exceptionnellement ouvert pour nous. Du château, démoli au XIXe (pour cause de vétusté) il ne reste que la grille et la majestueuse allée ombragée qui donnait accès au château.


Raconté par Liliane LEVIN

 

FAVIERES EN BRIE, lieu du premier contact de DAVID avec la Brie.

Accueillis autour d'un délicieux petit déjeuner par les Amis de J.L. David et Monsieur le Maire de Favières qui nous présente sa commune.

- 1100 habitants

- 2600ha de forêts et de champs.

La famille Seriziat, belle famille de David possède cette propriété où il se réfugie durant la Révolution.

- Le château a été détruit au XIXe mais il reste les communs et les grilles (passage des communs vers le château).

- il existe un inventaire du mobilier et à la mairie le registre portant signature de David lors de son arrestation.

Les époux Seriziat résideront fréquemment à Favières. Pierre sera maire de la commune.

De cette époque, il reste les communs, la grille et la majestueuse allée du parc, tels que David les a vus.

A la chute de Robespierre, en 1794, David est arrêté.

Il échappe à l'échafaud "absent pour raison de santé".

Il sera mis en liberté surveillée et pourra résider chez son beau-frère.

 

Les portraits

En mai 1795, il peint le portrait de Madame Seriziat, sœur de sa femme.

En août 1795, de retour à St Ouen, il peint le portrait de son beau-frère.

Les deux portraits sont présentés au Salon. Ils se trouvent aujourd'hui au Louvre.

David les intitule

- "Portrait d'une femme et de son enfant"

- "Portrait d'homme".

Ceci, en raison de sa situation politique.

Il veut, par un sujet "neutre", se garder d'éventuelles critiques, interprétation politique ou autre.

Il tient à être jugé sur son art et uniquement sur son art.

Ces deux tableaux sont traités avec beaucoup de soin "n'importe quel individu, qui que ce soit, est digne d'un tel soin" et cette idée se place dans la perspective républicaine.

Par leur dimension archétypale, on est amené à se retrouver dans ces portraits.

Une volonté de les présenter naturels, simples, directs (malgré leur niveau social que l'on ne peut ignorer.)


Madame Seriziat ne semble pas avoir posé.

- elle rentre de promenade avec son fils Emile qui n'a pas deux ans.

- elle n'a pas encore ôté son chapeau ni déposé ses fleurs dans un vase.

- elle tient les fleurs tout en souplesse, comme relâchée, détendue;

- elle tient l'enfant d'une main ferme

- elle tourne la tête, presque surprise

- fond sombre, robe claire.


Monsieur Seriziat

- plus posé mais relativement simple, naturel.

- main gauche ferme, repliée sur la hanche

- la main droite tient la chambrière relâchée (objet destiné à guider le cheval)

- portrait de ¾, visage de face

- travail du vêtement : boutons du gilet identiques à ceux des manches de madame

- gants de cuir marqués par l'usure du temps

- portrait sur fond clair, jaquette sombre.

- les portraits "en extérieur" sont très rares à cette époque : volonté de saisir l'instant.

 

L'homme et son épouse avec l'enfant incarnent les valeurs bourgeoises de la famille, thème très républicain.

Ces personnages sont différents mais complémentaires.

Ici se dessine le nouveau statut de l'artiste : spontanéité de ces deux tableaux. L'artiste n'est plus au service de quelqu'un qui passe commande.

 

 

Raconté par Dany AUBRY

 

OZOUER LE VOULGIS

C'est dans ce village qu'après son retour en grâce et avec l'argent de "l'Enlèvement des Sabines" David achète, en 1801 la Ferme de Marcoussis, belle bâtisse du XVe, près de l'église et 50ha de terres dont 5 "pour se promener".

Un excellent déjeuner et un exposé sur la propriété dont David a fait deux dessins nous attendent sous la grange. L'original du premier dessin a disparu mais un chercheur en avait fait un cliché en 1988. Dessin rapide, fait quelques jours après l'acquisition. Maison et église n'ont guère changé. Seule une tour, à l'entrée a disparu.

 

Visite de l'église.

Faisant partie d'un domaine appartenant aux Célestins, elle date du XVe, agrandie au XVIIIe.

Elle conserve son mobilier d'origine, bancs, chaire, orgue, retable, fonds baptismaux. Les clefs de voûte sont à restaurer. Un vitrail a été offert au XIXe par la famille du Général Eblé, aux armes des Eblé et Nicolaï.

 

Raconté par Liliane LEVIN

 

OZOUER LE VOULGIS – ferme de Marcoussis, propriété de David

David achète ce domaine en 1801.

Propriété des Célestins de Marcoussis, ils entraient directement dans l'église par une petite porte dérobée, aujourd'hui murée.

Bien national à la Révolution, David, en séjour à Favières souhaite acheter une propriété en Seine et Marne. Il veut être chez lui.

Le tableau des Sabines lui a rapporté beaucoup d'argent (immense succès), il achète donc la Ferme de Marcoussis.

On possède l'acte de vente : 950ha dont 44 pour sa promenade personnelle. Mais on a peu de traces effectives de sa présence.

On ne connaît d'Ozouer que deux dessins.

1 – Dessin de l'extérieur, plume et encre avec mention manuscrite qui semble vouloir fixer l'instant (vent dans les arbres) de l'arrivée et de la découverte avec un personnage qui pénètre dans la ferme.

Ce dessin a disparu mais un local en avait pris un cliché sans savoir que le dessin était de David.

2 – David "croque" tranquillement dans sa propriété.

 

Sa fille Emilie vendra la propriété pour acheter Soignolles.

Son petit-fils, Jacques Louis Jules David sera le biographe de son grand-père. Il décrit un nombre incalculable d'œuvres, y compris les dessins.

Par ailleurs, la correspondance de David est colossale.

Eglise XVIIIe

Chapelle seigneuriale des Célestins.

Eglise en pierre du pays avec charpente en bois de la forêt.

- Mobilier XVIIIe.

- Remarquables fonds baptismaux avec, au dessus, un tableau espagnol.

- Grand retable XVIIIe

- Orgue Charles X avec buffet néogothique

- bancs d'œuvre où se tenaient les gérants de la fabrique.

- bancs XVIIIe, XIXe et XXe.

- Vitrail

 


 

Raconté par Dany AUBRY

 

SOIGNOLLES EN BRIE

Impossible de pénétrer dans l'église car dangereuse.

Une reproduction du tableau du petit-fils de David, Jacques Louis Jules David, représentant un Saint Jean-Baptiste, est analysée ainsi qu'un autre tableau, de DAVID, portrait du Général Baron Meunier, ce dernier ayant épousé une des filles du peintre, Laure-Emilie. Elle vendra Marcoussis et ils s'installent à Soignolles dans une belle maison de maître, toute proche de l'église.

Grâce à la courtoisie de l'actuel propriétaire, nous avons pu pénétrer dans le jardin qui s'étend jusqu'à l'Yerres.

Quelques explications sur la vie de la Baronne Meunier et sa sœur jumelle, Pauline qui avait épousé le Général Jeanin complètent la visite.

 

Une journée bien remplie qui nous a beaucoup appris sur un épisode peu connu de la vie du grand peintre.

 

Un grand merci à tous ceux qui nous ont si bien reçus : la Société des Amis de Jacques-Louis David, Monsieur le Maire de Favières, Madame Mahé et Monsieur Bessy. Ils ont fait de cette journée, un moment d'exception.

 

Raconté par Liliane LEVIN

 

SOIGNOLLES

La fille de David y a vécu après avoir vendu Marcoussis en 1846.

 

Eglise

Dans l'église, un portrait de Saint Jean Baptiste par le petit-fils de David (qui a consacré un ouvrage monumental à l'œuvre de son grand-père)

Il a également réalisé des copies de tableaux pour la gravure et gravé lui-même (très bon travail).

Portrait du gendre de David, le Général Baron Meunier 1812, général d'Empire.

Ce tableau est resté dans la famille jusqu'à une date récente.

- Equilibre entre l'attention portée au costume et aux décorations et le visage.

Noter les tâches "jetées" pour les médailles : tâche rouge de la Légion d'Honneur (impressionniste ?)

- Position de la main qui occupe tout le tableau.

- Corps légèrement oblique, il regarde droit le public, dégageant un mélange de fermeté et de douceur.

- Visage très éclairé

- Mise en valeur du statut social du personnage.

 

Maison de la famille Meunier

Propriété de la Banque Meunier, maison de maître de style Louis-Philippe, elle abrite Laure Emilie David, Baronne Meunier, Fille de David.

 

A 19 ans elle a épousé, en 1805, un militaire qui est sous les ordres du Maréchal Ney.

Il décède en 1846. Son nom figure sur l'Arc de Triomphe.

Sa sœur jumelle Pauline Jeanne viendra vivre à Soignolles avec elle.

En 1863, la Baronne décède à l'âge de 76 ans.


La presse était là !

 

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