Patrimoine musical du musée de Melun

Historique

Auguste Vincent
Auguste Vincent

 

Conformément à sa spécialité, les documents musicaux conservés sont très hétérogènes et ne présentent pas d'intérêt patrimonial spécifique outre une importante partition manuscrite de Johann Sebastian Bach et un piano-forte de la maison Erard de la fin du XVIIIe siècle référencés par la Bibliothèque nationale de France et le Musée de la Musique à Paris. Ce fonds est à situer dans une perspective historique concernant les musées du siècle dernier. Ses collections furent constituées à partir de dons de collectionneurs. En 1892, le musée bénéficie du don de madame Auguste Vincent, après le décès de son mari. Cet érudit à la fois éditeur, professeur de piano, compositeur et collectionneur, possédait une bibliothèque remarquable de littérature du XIXe siècle. Il est à noter que le musée possède qu'un petit ensemble de cette collection, qui semble avoir été volontairement repartie sur plusieurs lieux dont les bibliothèques de Melun, de Boulogne, de Meaux et la Bibliothèque nationale de France. Toutefois le fonds musical d'Auguste Vincent est apparemment conservé dans intégralité à Melun (bibliothèque et musée municipaux).

 

Le fonds Auguste Vincent

 

 A l'exception de quelques coupures de presse, on ne sait pratiquement rien sur ce compositeur, ni le lien pouvant exister entre son épouse et la ville de Melun. Né en 1829, il a étudié le piano avec E. Wolff et semble jouir d'une solide réputation de virtuose, mais aussi d'excellent pédagogue. Installé à Paris, il entretient des relations privilégiées avec l'élite intellectuelle et artistique de la capitale, ce qu'attestent ses recueils de correspondances soigneusement reliés comportant des lettres autographes de nombreux compositeurs et autres personnalités.

 

Musique manuscrite :

 Feuillet de manuscrits musicaux, autographes.

 - Aria en Fa majeur de J.S. Bach donné par le Chevalier Sigismond Neukomm.

 Autres documents :

 - des objets-souvenir attachés à Auguste Vincent : bijoux de théâtre, porcelaines et faïences.

 

 

Le fonds d'instruments anciens

 

Instrument de musique :

- piano-forte de 1785. Facteur de piano, Sébastien Erard. Donation Robert Latour – Louise Colinet 1902. On ne sait rien sur le donateur, sinon qu’il s’agissait d’un ancien receveur municipal de la ville de Melun. Il étiat propriétaire d’une maison rue du Palais de Justice à Melun. Sans enfant, il cède sa maison à la ville à charge pour la municipalité de loger sa femme de charge Louise Colinet. C’est Louise Colinet qui offre le piano-forte au musée au nom de Robert Latour en 1902.

- deux violons Méricourt du XIXe siècle. Donation Louis Besoul 1907. La bibliothèque municipale possède également plusieurs pièces pour piano composées par Louis Besoul, originaire de Favières en Seine-et-Marne.

Signalons en outre la présence de portraits de compositeur et d'interprètes :

- une peinture du XVIIIe représentant le portrait d'un musicien.

- le portrait du père de Mauzaisse organiste à Corbeil par Jean-Baptiste Mauzaisse (1784 – 1844).

- le portrait de Pauline Viardot dans le rôle d'Orphée par Désiré Philippe (1823 - ?).

- le portrait d'Auguste Vincent par Jules Jacquet (1841-1913)

- des objets-souvenir attachés à Jules Massenet : des portraits de sa fille Juliette par Henri Chapu (1833-1891) acquis par les Amis du Musée de Melun en 2002.

 

Le fonds local

 

Ce fonds recense les documents ayant un rapport direct avec l'histoire de Melun et sa région. Il s'agit essentiellement d'imprimés de théâtre (plus d'une centaine).

 - documentation très fournie sur la vie du théâtre de Melun (1870-1920) : programmes des concerts et des galas de bienfaisance, invitations.

 - documentation sur la vie de l'harmonie municipale : photographies.

 

Dominique GHESQUIERE, Conservateur

 

 

 

Visite du Conseil d'Adminsitration le mardi 30 mars 2010

 Plusieurs membres du Conseil d'Administration des Amis du Musée se sont retrouvés dans les réserves du musée. Nous y retrouvons Mlle Ghesquière, conservatrice, et M. Jean-Claude Battault, technicien de conservation au Musée de la Musique à Paris et expert en pianos anciens.

 

Pianoforte

 

Il examine un pianoforte, donné au musée en 1901.

 

Il s'agit d'une pièce très rare : un Sébastien Erard de 1785… le deuxième plus ancien, après celui du Musée de la Musique à Paris (qui date de 1780). Il est en assez bon état d’origine ayant conservé son mécanisme d’époque.

- La table est en acajou, ornée de filets d'ébène et érable.

- Les pieds cannelés ont dû être remplacés plus tardivement. Il semble qu'ils aient été fabriqués à la machine.

- Le mécanisme d'époque est complet, particulièrement intéressant à étudier : il s’agit d’un précieux témoin historique d’un savoir-faire qui s’est aujourd’hui perdu de la marque Erard. Les touches sont en ivoire et ébène. Les marteaux, dont certains sont déplacés, sont recouverts de peau. Il reste des fragments de tissu de laine. Les étouffoirs sont d’époque.

- On recueille soigneusement les moindres poussières, il pourrait y rester de petites pièces.

- Les cordes, en laiton et en fer, sont encore tendues et torsadées.

- La table est déformée et fendue par endroits.

- En retirant une partie des touches, notre expert fait une découverte, pleine d'émotion, une inscription et un chiffre : 58555 Etienne. Pour lire la suite, il faudrait retirer le reste des touches.

 

L'examen est complété par une fibroscopie qui permet la vérification de l'état intérieur de la table …. Amusant de voir ainsi utilisées les techniques médicales !

 

Reste à envisager le traitement de conservation restauration :

- un traitement de restauration pour améliorer son état de conservation en réserve,

- une remise en état de présentation au public,

- une remise en état de jeu… nécessitant vraisemblablement pour notre instrument la réalisation d’un fac-similé partiel du mécanisme afin de préserver les matériaux originaux (notamment la garniture en peau des marteaux, utilisation de bois exotiques) qui offrent encore de nombreuses informations permettant de comprendre les techniques de fabrication ainsi que les réglages anciens. Satisfaire notre souci d’authenticité implique que les instruments anciens en condition d’être joués doivent être restaurés au plus près de leur état d’origine, sans dégradation. Quand cela n’est pas possible, une réplique à l’identique (fac-similé) devra être conduite à partir de modèles originaux. Inutile de préciser que les coûts de restauration ne sont pas les mêmes.

 

Violons

 

La fibroscopie va servir aussi pour l'examen de 2 violons provenant de la même famille donatrice, la famille BESOUL.

- Les deux instruments ne sont pas en très bon état de conservation.

- L'un est plus complet que l'autre.

- Tous deux portent, au dos, un texte écrit à l'encre : deux poèmes, "La Lyre" et "Le violon de mon Grand-père", signés Louis-Adolphe Bessoul pour son frère Emile (dont le nom figure sur la crosse de l'instrument).

- Le premier bénéficie d'une autre inscription, à l'intérieur, pour le moins surprenante "Stradivarius faciebat anno 1708 (écrit à l'encre, à deux reprises).

- Notre expert reste très sceptique. Une recherche est à entreprendre. Les deux instruments pourraient être de la fin XIXe siècle, vraisemblablement fabriqués par le facteur de violons Méricourt.

 

Des préconisations de conservation sont envisagées, notamment l’amélioration des conditions de conservation des instrument par un conditionnement adapté aux instruments à cordes frottées. Une restauration n’est pas envisagée dans l’immédiat.

 

Orgue de salon

 

Notre visite se termine par un tour à l'église Notre-Dame qui possède l'orgue de salon de Pauline Viardot, orgue légué à cette église.

- Il doit être restauré pour 2013. Le buffet d'orgues est classé.

- L'instrument a certainement déjà dû subir une restauration : le clavier est en matériau synthétique

- Il s'agit d'un joli instrument, en bois sculpté, marqué que les côtés des initiales V (Viardot) et sans doute G (Garcia, nom de jeune fille de Pauline)

- Les deux ailes ont été ajoutées au corps principal.

- Une horloge a remplacé, au dessus, le portrait de la Malibran, sœur de Pauline (portrait que la famille a gardé lors de la donation).

  Dany AUBRY